Biochar : le chaînon manquant des sols vivants !

Chainon
Dans nos écosystèmes cultivés, la recherche de l’équilibre entre les plantes, le sol et les micro-organismes est fondamentale. Des recherches récentes ont démontré que le chaînon manquant pour aider à y parvenir est le biochar. Une véritable révolution s’amorce.

Des propriétés incroyables !
La structure poreuse des résidus carbonisés de 1 g de biochar seulement offre une superficie totale incroyable de 1000 à 2500 m2 pour piéger très efficacement les nutriments, retenir l’eau et favoriser le maintien des micro-organismes indispensables à un sol vivant.

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Des sociétés amazoniennes précolombiennes avaient l’habitude d’éliminer leurs déchets en les brûlant sous une couche de terre. Sans air, ossements, arêtes de poisson, déchets végétaux, excréments, débris de poterie et autres se transformaient lentement sous l’effet de la pyrolyse en un substrat noir que ces communautés incorporaient dans leurs sols agricoles.

Appelé terra preta (terre noire) par les explorateurs portugais, cet amendement de sol riche en carbone porte aujourd’hui le nom de biochar.

On doit au scientifique néerlandais Wim Sombroek d’avoir porté à l’attention du monde l’immense potentiel de la terra preta découverte lors de recherches en Amazonie dans les années 1950. Son ouvrage Amazon Soils publié en 1966 a été le point de départ de recherches sur ce qu’on appelle aujourd’hui le biochar.


Le paradoxe de la forêt tropicale

Quoique la production de biomasse abonde sous les tropiques, sa décomposition est si rapide que la matière organique disparaît en un rien de temps :

  • Les terres défrichées perdent rapidement leur fertilité quand l’apport de végétation en décomposition est interrompu ; et
  • Les pluies abondantes contribuent à appauvrir les sols en lessivant les nutriments.

L’ajout de terra preta dans les terres cultivées peu fertiles de l’Amazonie corrigeait ce problème de façon durable. En effet, on a observé que le niveau de fertilité des sols contenant de cette terre noire s’était maintenu dans certains cas plus de 500 ans !

La terra preta subsiste toujours dans environ 10 % des sols du bassin amazonien. Bien que cette technique agricole date de plus de 2500 ans, les agronomes contemporains en découvrent l’immense potentiel pour l’agriculture moderne que depuis peu.

Comme partout ailleurs dans le monde, les populations amazoniennes se sont regroupées en villes importantes autour des zones agricoles florissantes. Malheureusement, l’arrivée des Européens en Amazonie a sonné le glas de ces métropoles antiques en y introduisant la petite vérole. En décimant 90 à 99 % des habitants de ces cités imposantes, la terrible maladie les a anéanties.


Pourquoi le carbone ?

Oui, pourquoi ?

Après tout, cet élément ne fait pas partie du trio de nutriments N-P-K auquel les agriculteurs pensent quand ils cherchent à améliorer le rendement de leurs terres. Et on ne vend pas de carbone en jardinerie pour le soin des plantes !

La raison est pourtant simple : le carbone n’est pas un engrais direct comme tous ces nutriments classiques.

Toutefois, de plus en plus de jardiniers et d’agriculteurs réalisent que l’ajout exclusif d’engrais directs est une pratique à courte vue. Comme nos ancêtres, on doit envisager la fertilité des sols dans sa globalité en se préoccupant de l’équilibre des écosystèmes en cause.

La structure poreuse des résidus carbonisés de 1 g de biochar seulement offre une superficie totale incroyable de 1000 à 2500 m2 pour :

  • piéger très efficacement les nutriments ;
  • retenir l’eau ;
  • favoriser le maintien des micro-organismes indispensables à un sol vivant.

De plus, grâce à sa charge négative, le carbone attire les ions positifs comme le calcium et le potassium. Ce faisant, il réduit l’acidité des sols engendrée par l’ajout constant d’engrais azotés pour en améliorer la productivité.


ABC du biochar

Le procédé de pyrolyse qui permet de produire du biochar est simple :

  • Une cuisson lente sans oxygène ou presque.

Pour la production commerciale de biochar, la méthode de gazéification est la plus prisée en raison de son efficacité à carboniser presque entièrement la biomasse. Les copeaux de bois, les coquilles d’arachides, la paille de riz et autres résidus sont utilisés selon la disponibilité de la matière.

Sous l’effet de la chaleur intense, la combustion des gaz et des huiles qui se séparent des solides peut servir à produire de l’énergie, voire à alimenter la pyrolyse ! Le biochar représente les solides riches en carbone qui résultent de cette cuisson lente, mais intense.

  • Plus la combustion se fait lentement, plus la proportion de biochar obtenu sera élevée.

L’adaptabilité du procédé de pyrolyse rend la production de biochar accessible à tous, du petit cultivateur indépendant aux grandes entreprises commerciales.

Le choix de la biomasse dépend beaucoup de la disponibilité de celle-ci. L’idée n’est pas de produire de la biomasse ou raser la forêt pour en faire du biochar, mais bien de revaloriser nos nombreux déchets forestiers, agricoles et urbains.

Des recherches pour établir la différence entre les propriétés du biochar selon la nature de la biomasse utilisée pour le produire sont en cours. Nous verrons certainement dans les années à venir du biochar de sources variées vendus en sacs dans les jardineries, comme on le fait actuellement pour le compost !


Plus qu’un simple amendement

Le biochar représente une solution d’avenir pour améliorer de façon pérenne le rendement des terres agricoles, en plus d’être une excellente façon de séquestrer le carbone dans le sol.

On estime que la production de biochar permettrait de capter des milliards de tonnes de dioxyde de carbone chaque année. Elle éliminerait aussi toutes les émissions de gaz à effet de serre associées à la décomposition des déchets organiques en transformant ces derniers en biochar.

Grâce à ses propriétés hors du commun, des scientifiques avancent que le biochar est le chaînon manquant (retrouvé !) des sols vivants et même un allié inespéré dans la lutte aux changements climatiques. 

 

Système biochar en formats 500 g, 2 kg et 5 kg

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