PAILLIS, PAILLAGE ET AUTRES TECHNIQUES        

Sol d'un potager couvert d'un paillage entre ses rangs de salades.
Il existe une certaine confusion sur le mot paillis. Celui-ci est dérivé du mot paille et est donc une technique qui consiste à recouvrir le sol avec de la paille… ou un matériau organique qui lui ressemble. Pour les partisans de cette définition, l’expression « paillis organique » tient donc du pléonasme. Alors qu’en est-il des « paillis de plastique »? On devrait plutôt les appeler bâches ou couvre-sol anti-végétatifs. Cette confusion vient de la traduction du mot mulch qui en anglais désigne à la fois les paillis d’origine organiques, les toiles et les recouvrements décoratifs tels que les galets de rivières.

Cette différence n’est pas juste sémantique. Un paillis et une bâche n’ont pas les mêmes effets sur le sol. Les avantages sont nombreux et l’astérisque indique que cet avantage ou cet inconvénient ne sont pas présents dans le cas des toiles.    

Principaux avantages du paillage

  • Assure la stabilité du taux d’humidité et diminue l’évaporation
  • Préserve de l’érosion, du lessivage, du tassement, de la compaction et de la battance
  • Protège contre la stérilisation des premiers centimètres de sols par les rayons du soleil
  • Régularise la température
  • Réduis le désherbage
  • Évite que les éclaboussures et la contamination par des maladies des feuilles du bas des plantes lors des pluies
  • Apporte de la matière organique*
  • Amélioration de la vie du sol* en servant d’abri et de nourriture pour les habitants du sol
  • Fournis des nutriments lors de sa décomposition*

Les principaux inconvénients

  • Réchauffe tardivement le sol
  • S’adapte mal au semis direct
  • Attire les limaces et les rongeurs*
  • Utilise de l’azote dans le cas des paillis verts*
  • Risque de mauvaise décomposition entraînant des problèmes*

Les paillis

De nombreux produits peuvent être utilisés comme paillis :           

  • Résidus de culture, feuilles et tiges de plantes herbacées hachées : compostage de surface. Très riches en azote. Disparaissent rapidement. Peu esthétiques;
  • Feuilles mortes : riche en carbone. Plus ou moins riches en éléments nutritifs, les quantités varient selon le type de feuilles;
  • Paille : peu nutritive. Pauvre en azote. Durable;
  • Foin : herbe fauchée et séchée. Ne pas confondre avec la paille. Riche en éléments minéraux. Décomposition lente et amélioration du sol sur 2 ou 3 ans;
  • Engrais verts hachés : déchiquetés avant la floraison. Très riches en azote. Disparaissent rapidement;
  • Rognures de gazon : très riches en azote. Très appréciées des bactéries;
  • Copeaux et sciure de bois : beaucoup de carbone. Pauvres en azote. Utiles pour les arbres et arbustes;
  • Bois Raméale Fragmenté (BRF) : riche en éléments nutritifs. Favorise le développement des champignons du sol;
  • Paillis d’écorce de conifères : pour les plantations ligneuses, pas au potager. Certains contiennent des substances nuisibles à la vie du sol;
  • Carton : beaucoup de carbone et de cellulose. Peu intéressant pour nourrir le sol;
  • Fumier : amendement plutôt que paillage. Utilisation de fumier jeune peu composté. Risque de présence d’herbes indésirables;
  • Compost : compost jeune en superficie du sol. Riche en matière organique et en nutriments.

Les bâches ou couvre-sol anti-végétatifs  

On les trouve généralement sous le nom de paillis de plastique noir. La plupart du temps, c’est un film plastique non biodégradable d’une épaisseur d’environ 2,3 mm. On l’installe le plus souvent avant la plantation et on le perce de trous pour mettre les plants en terre. Non biodégradable, il n’apporte aucune matière organique au sol. Le sol doit donc être amendé avant l’installation de la toile.

Crédit photo : Jardins de l’écoumène

Un recouvrement temporaire    

Depuis quelques années on a vu apparaître sur le marché des toiles noires d’occultation . Plus épaisses que les bâches anti-végétatives, elles jouent un rôle différent.      

Avec de telles toiles, un des objectifs est de transformer les engrais verts en matière organique utilisable par le sol. Après les avoir fauchés ou partiellement enterrés, on recouvre le sol de cette toile, ce qui va le réchauffer plus rapidement, entraînant la stimulation des micro-organismes, provoquant ainsi une accélération de la décomposition de la matière organique. La toile est retirée après quelques semaines en été et tout juste au début du printemps pour un engrais vert recouvert à l’automne.     

Dans le cas des herbes indésirables, ces toiles, qui sont épaisses et opaques, coupent la lumière, ce qui empêche aux plantes de faire la photosynthèse. Elles sont particulièrement adaptées à la technique du faux semis. Après avoir légèrement brasé le sol, on laisse germer les herbes indésirables et, quand elles atteignent 2 à 3 cm, on les recouvre avec la toile d’occultation. Après 2 à 6 semaines, on retire la toile. Le sol est alors exempt d’herbes indésirables… si on ne le brasse pas à nouveau.         

La toile d’occultation doit toujours être utilisée de manière temporaire. Quelques semaines pour le faux-semis et un engrais vert durant la belle saison, et de l’automne au plus tard au tout début du printemps pour un engrais vert d’automne. Le reste du temps, les organismes qui voient à la vie du sol ont besoin de respirer et une trop longue utilisation de la toile durant la belle saison peut réduire la présence d’air dans le sol, et donc l’efficacité des organismes du sol.

Toile d’occultation noire – 10′ x 12′

Quelles techniques choisir ?       

Pour les toiles d’occultation, les paramètres d’utilisation sont clairs. Alors paillis ou bâches? En fait tout dépend principalement de la superficie du terrain à cultiver. Sur un petit terrain, le contrôle des herbes indésirables représentant une tâche limitée, l’utilisation de paillis est toujours une bonne idée. Pour de plus grand terrain ou pour des usages professionnels, là où les enjeux de main-d’œuvre sont importants, l’utilisation de toiles s’impose le plus souvent. L’utilisation de l’une ou de l’autre des techniques doit faire l’objet d’une réflexion et s’insérer dans la vision et les attentes du jardinier ou du jardinier maraîcher.

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