Histoire de légume : la « fausse citrouille » Algonquienne

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Cette citrouille que nous aimons tant ne répond pourtant pas aux caractéristiques communes de son type.

Pourquoi?

  • sa forme allongée n’a rien à voir avec la forme sphérique d’une vraie citrouille; et
  • sa chair très sucrée n’a pas la texture filandreuse de la chair des véritables citrouilles.


Sous une fausse identité

Qui l’a appelé citrouille le premier? Bien malin celui ou celle qui répondra à cette question! Grâce aux travaux de recherches d’Ashley Barbosa, étudiante en Études indigènes de l’Université Wilfrid Laurier en Ontario, nous en savons maintenant beaucoup plus sur cette variété patrimoniale bien de chez nous.

En effet, elle n’est pas Algonquine, mais Algonquienne!  Mme Barbosa a découvert en 2017 que sa culture était le fait de la tribu Abénakis. Cette dernière confusion s’explique facilement : les Algonquins et Abénakis font partie des Algonquiens, le nom donné à l’ensemble des tribus partageant la langue des Algonquins.

Comme nous l’avons vendue sous les noms d’Algonquin et d’Algonquian (traduction anglaise d’algonquien), nous corrigeons nos erreurs du passé et l’appellerons dorénavant « Algonquienne »


Crédit photo : The 200 acres


Une variété du terroir

On croit que sa culture en terres québécoises est très ancienne puisqu’avant la colonisation, le territoire des Abénakis de l’Ouest s’étendait jusqu’au Centre-Sud de la province.

Encore aujourd’hui, le territoire de la Nation Waban-Aki de la Première Nation des Abénakis dans la province commence au fleuve Saint-Laurent, entre Sorel et Bécancour, et descend en s’élargissant vers la Nouvelle-Angleterre. Il recouvre ainsi une partie du Centre-du-Québec, de l’Estrie et de la Montérégie-Est.

Comme la majorité des peuples autochtones, les Abénakis cultivaient selon la technique des trois sœurs (courge-maïs-haricot), mais ils y ajoutaient le tournesol.

Crédit : Société agroalimentaire des produits du terroir autochtone


La chair de la citrouille ‘Algonquienne’ était traditionnellement consommée en soupes, en ragoûts et dans des plats de légumes. On pressait ses graines pour en extraire une huile qui servait à la cuisine, mais aussi à faire des colorants pour les divers besoins artistiques de la tribu. 


La grande expédition

Cette courge a voyagé vers l’Ouest en grande compagnie, celle des membres de l’expédition Lewis et Clark au début du 19e siècle. En raison de son excellente conservation et de sa valeur nutritive élevée, elle comptait parmi les denrées emportées par l’expédition. Lewis et Clack en ont même échangé avec les amérindiens Mandan qui vivaient alors sur les bords du Missouri et de ses affluents, les rivières Heart et Knife. Ces échanges expliquent en partie pourquoi on l’a retracée chez d’autres tribus.

Crédit photo : Le Jardin de Julie


Un trésor alimentaire à préserver

Un peu plus petite que la variété ‘Long Pie’, cette courge allongée en forme de courgette passe du vert foncé à une belle couleur orange à maturité. Cependant, la récolte se fait dès que la portion du fruit qui touche le sol commence à changer de couleur; le mûrissement se poursuit longtemps après la cueillette. Sa chair non filandreuse possède un merveilleux goût de noisette sucrée. Les fruits conservés sur plusieurs mois après la récolte continuent à mûrir en devenant de plus en plus sucrés.

La citrouille ‘Algonquienne’ remporte donc toujours beaucoup de succès en purées, en soupes, en soufflés, en muffins et en tartes !

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