Le compagnonnage, bien plus qu’un moyen de lutte contre les parasites

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Apprécié par nombre de jardiniers, décrié par l’agriculture moderne et par certains chroniqueurs cyniques, le compagnonnage fait aujourd’hui l’objet de controverse.

D’un côté il y a ceux qui l’utilisent avec de beaux résultats et de l’autre ceux qui le dénigrent. Il est cependant étrange de constater que les détracteurs du compagnonnage louangent les fameuses trois sœurs. Mise au point par les Aztèques, sa version la plus aboutie date du début 13e siècle. Elle consiste à associer des maïs, qui servent de tuteur aux haricots, qui apportent de l’azote dont sont friands les maïs et des courges qui couvrent le sol, le gardant humide.

Les peuples précolombiens d’Amérique centrale ne connaissant pas la charrue, ils cultivaient les trois sœurs (maïs, haricot et courge) sur des buttes de terre.

Qu’est-ce que le compagnonnage ?

Il consiste à réunir des types de légumes, fines herbes et fleurs, comestibles ou pas, afin que les uns bénéficient de certaines capacités répulsives, attractives, contributives et protectrices des autres. Il arrive parfois que les influences bénéfiques soient réciproques. C’est une pratique ancestrale, basée sur l’observation et la pratique. Depuis quelques années, elle a été confirmée par des recherches scientifiques.

Plus d’une centaine d’études à travers le monde ont démontré que le compagnonnage peut apporter des hausses de rendement de 1 à 110 % selon le climat et le type de culture.

Une dérive inexpliquée

Depuis quelques années, on ignore depuis quand et qui a commencé, le compagnonnage est associé uniquement au contrôle des parasites… ce qui n’a jamais été le cas. C’est en fait bien plus que cela. Si on ne considère que cet unique volet du compagnonnage, alors oui les résultats sont décevants. Par contre, si on utilise le compagnonnage pour ce qu’il est vraiment, une pratique qui favorise la biodiversité, alors oui il est efficace.

Les bénéfices du compagnonnage

En associant convenablement les plantes, on peut obtenir les bienfaits suivants :

  • La création d’habitats bénéfiques : on crée un environnement favorable au développement d’insectes prédateurs et de parasites qui participent activement à la réduction des populations d’insectes ravageurs;
  • L’implantation d’interrelations physiques : des plantes hautes apportent de l’ombre à des plantes qui préfèrent la mi-ombre. Des plantes au feuillage dense protègent d’autres végétaux comestibles du vent, etc.;
  • L’installation de barrière physique : des plantes très colorées déroutent les insectes ravageurs à la recherche de leurs proies;
  • L’apport au sol d’azote : les légumineuses (fabacées) fixent l’azote de l’air dans leurs racines. Par le biais de la rhizosphère, les plantes voisines bénéficient de cette fixation d’azote;
Attention, les liliacées (asperge, lys, tulipe, fritillaire) émettent dans le sol des composés de soufre qui sont toxiques pour les bactéries des racines qui fixent l’azote de l’air chez les fabacées (soja, haricot, pois, luzerne, trèfle, etc.).
  • L’amélioration du sol : une plante à l’enracinement superficiel associée à une autre à l’enracinement plus profond « travaille » le sol différemment;
  • Une gestion optimale de l’eau : des plantes rampantes ou des cultures intercalaires recouvrent le sol, évitant ainsi son dessèchement rapide;
  • Le contrôle biochimique des insectes ravageurs : les exsudats des racines et des parties aériennes, ainsi que l’odeur du feuillage ou des fleurs éloignent des insectes ravageurs spécifiques;
  • Le contrôle biochimique des maladies : plus rare, la présence d’une plante réduit le développement d’une maladie sur une autre plante;
  • Une meilleure organisation de l’espace : la culture intercalaire permet de cultiver un légume à récolte rapide entre les rangs de plantes dont la croissance est plus lente et la récolte plus tardive;
  • La mise en place de plantes pièges : une espèce de plante attire davantage des insectes nuisibles, puis la « plante sacrifice », ou plante appât, est détruite;
  • Un espace plus décoratif : plutôt que des allées en « rangs d’oignons », les associations, notamment avec les fines herbes et les fleurs, permettent de donner un aspect très décoratif au potager.

L’argument principal : la biodiversité

Le compagnonnage est le contraire de la monoculture. Il permet à l’échelle de la planche ou du potager de créer de la biodiversité. Or, on sait aujourd’hui qu’un niveau élevé de biodiversité est un gage d’augmentation de la résilience des cultures, mais aussi d’une réduction des interventions, mécaniques ou chimiques, pour se débarrasser des ravageurs.

Une multiplicité des cultures permet de s’assurer des récoltes, quelles que soient les conditions climatiques de l’année. Par exemple, une année fraîche, on récoltera plus de choux que de courgettes.

Des associations nocives ?

Il existe des incompatibilités de culture, qui, heureusement, sont assez rares. Les inadéquations peuvent être :

  • Mécaniques : une plante haute fait de l’ombre à des plantes de plein soleil;
  • Chimiques : les racines d’une plante sécrètent des composés chimiques qui empêchent la bonne croissance d’autres plantes;
  • De compétition : certains légumes, particulièrement ceux qui sont gourmands en compost ou en eau, sont en concurrence pour l’accès à ces éléments.

Au sujet du compagnonnage, on pourra en apprendre plus grâce au livre de l’horticulteur Bertrand Dumont Le potager productif, associer vos légumes facilement, ou Les bonnes associations au potager de Noémie Vialard, ou encore Un jardin sain grâce aux cultures associées de Gertrud Franck.

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